Dates clés de 1950 à 1959
Les dates clés des années 50’s
Les années 50’s auraient dû être une décennie d’abondance et de reconstruction ordonnée marquant la fin des privations subies au sortir de la guerre. Mais le président Truman n’avait pas anticipé la venue du rock’n’roll, ce cri de révolte lancé entre 1955 et 1957 par tous les laissés pour contre des cités en pleine mutation, et qui ébranla les fondements même du monde occidental. Il n’est donc pas étonnant que cette rébellion ait été perçue comme un acte de trahison intolérable par les gardiens de l’ordre moral…
Alors que la guerre froide s’installait et divisait Hollywood entre bons et méchants, l’émergence de rock’n’roll infligea à l’Occident une sévère migraine. L’Amérique avait déjà été confrontée à ce vacillement des valeurs morales suite à l’introduction de l’alcool et du sexe au cinéma. Mais rien ne fut plus menaçant pour l’ordre que le rock’n’roll, ce soi-disant primitivisme sauvage, porte-parole des aspirations d’une jeunesse en soif d’affirmation, mettant sur le devant de la scène des questions épineuses relatives à la race et à la sexualité.
Il est clair qu’un Elvis Presley n’avait rien d’un Frankie Laine ! Ses tempos – qui transformaient les jeunes femmes en épaves hystériques et poussaient les jeunes hommes à traîner devant les salles de cinéma et les milk bars – défiaient dangereusement ce swing civilisé qui berçait la société depuis tant d’années.
Le rock’n’roll marqua les 50’s, mais son émergence liée à une forte croissance de l’industrie du disque, favorisa un élan d’intérêt pour les « musique des bas fonds ». Le rythm’n’blues urbain et la musique hillbilly du sud est des États-Unis fleurissaient sur les ondes des radios spécialisées, et de nombreux labels indépendants firent en sorte de satisfaire la demande. Des cercles plus confidentiels privilégiaient le folk politisé de Woody Guthrie et le cool jazz, incarné par le trompettiste Miles Davis dans Birth of the Cool.
Mais le coeur de la scène musicale restait occupée par les crooners et les interprètes de balades, de l’opportuniste et aseptisé Tin Pan Alley*, dont Frankie Avalon et Ricky Nelson. À la fin de la décennie, les idoles des minettes semblaient avoir dénaturé le rock’n’roll avec leurs versions édulcorées du genre. La révolution de rock était donc soi-disant terminée…
Janvier 1951
Le couple Les Paul & Mary Ford enregistre un standard du jazz, How High The Moon. Paul agrémente le titre d’une série de gimmicks électroniques, faisant entre autre appel à la technique de re-recording et à un solo de guitare électrique. Le single reste 9 semaines en tête du classement du Bilboard.


Juillet 1951
Disc-jockey et organisateur de concerts, Alan Freed anime sur les ondes sa première émission de rythm’n’blues, « The Moondog House » depuis Cleveland dans l’Ohio. Freed, alias Moondog, cherche à offrir une plus large audience à ce genre musical et commence à utiliser le terme rock’n’roll.
Mars 1952
Ce qui fut qualifié de première émeute rock’n’roll explose lors du Moondog Coronation Ball organisé par Alan Freed à Cleveland dans l’Ohio. Paul Williams, qui assure l’ouverture du concert, est accueilli par une bagarre généralisée. L’intervention de la police entraîne l’annulation de l’événement.

Février 1955
Pour la première fois depuis son introduction en 1949, les ventes de 45 tours dépassent celles de 78 tours. À la fin de la décennie, l’incassable 78 tours à base de shellac deviendra d’ailleurs obsolète.


Bill Haley & His Comets



Tom Parker et Elvis Presley
Novembre 1955
Trois mois après avoir été conseiller artistique d’Elvis Presley, et un mois avant de devenir son manager, le « Colonel » Tom Parker, amateur de cigares et ancien aboyeur de cirque, rachète 40.000 dollars le contrat d’Elvis avec le label Sun et fait entrer son poulain chez RCA Records.

Avril 1956
Accueilli par Alan Freed et présenté pour la première fois sur CBS Radio Network, Rock And Roll Dance Party est le premier programme rock’n’roll à audience nationale distribué sous licence. La même année, Freed intervient le samedi en Europe sur Radio Luxembourg.
Septembre 1956
Six mois après sa sortie aux États-Unis, l’arrivée du film Rock Around The Clock en Grande-Bretagne est à l’origine de scènes d’hystérie dans les salles. See you later Alligator de Bill Haley et la bande-son du générique du film réintègrent les classements des meilleurs ventes de singles en Grande-Bretagne.


Novembre 1956
Fats Domino, pianiste de boogie-woogie de la Nouvelle-Orléans, décroche son plus gros succès transatlantique avec une reprise rythmée d’un hit populaire en temps de guerre, Blueberry Hill. L’accueil est tel que, lors d’un spectacle en Caroline du Nord, une émeute éclate dans la salle contraignant Fats Domino à quitter les lieux à la dérobée.
Décembre 1956
Elvis Presley, Jerry Lee Lewis, Carl Perkins et Johnny Cash – alias The Million Dollar Quartet – enregistrent gospels et standards country lors d’une session improvisée aux studios Sun. Une séance soi-disant prévue par Carl Perkins, alors que les autres avaient été apparemment invités par Sam Phillips ou se retrouvaient là par hasard…

Elvis Presley, Carl Perkins, Jerry Lee Lewis et Johnny Cash
Février 1957
Après une tournée en Australie avec Lavern Baker et Big Joe Turner, Bill Haley & His Comets est le premier groupe de rock’n’roll à se produire en Grande-Bretagne. Assailli par les fans dès son arrivée à Londres, Haley déclenche des émeutes prévisibles lors de ses concerts, même si certaines doutent alors de la capacité de cet artiste de 31 ans à conduire l’offensive du rock’n’roll.

Juillet 1957
Les jeunes de Liverpool amateurs de skiffle accueillent avec enthousiasme les Quarrymen, lors d’une fête dans les jardins de la cathédrale St Peter dans la banlieue de Liverpool. Paul McCartney, qui se trouve dans le public, aborde le leader du groupe, le guitariste John Lennon. Trois mois plus tard, les deux futurs Beatles se retrouvent pour la première fois ensemble sur une scène.

The Quarrymen

Août 1957
Diana, tendre ballade composée par et interprétée par Paul Anka, un chanteur d’à peine 16 ans, se classe numéro 1 des ventes en Grande-Bretagne, aux États-Unis et au Canada, son pays natal. La notoriété de Paul Anka connaît son apogée à la fin de la décennie avec 4 autres hits classés dans le top 5.

Juin 1958
RCA est la première major de l’industrie du disque à introduire le format 33 tours stéréo, pressé sur vinyle. Offrant une meilleure qualité sonore, la stéréophonie est d’abord réservée à la musique classique
Janvier 1959
Le compositeur de Détroit Berry Gordy crée Tamla Records pour promouvoir les talents noirs de la cité de l’automobile. À L’automne, le label obtient son premier hit – avec Money (That’s What I Want) de Barrett Strong – et établit son quartier général dans le bâtiment que Gordy baptise Hitsville USA.

Berry Gordy
Août 1959
Sortie de l’album Kind Of Blues (écoutez ce fabuleux album et laissez vous emporter) de Miles Davis, avec John Coltrane et Cannonball Adderley au saxophone. Largement improvisé, mais bien plus mélodieux que le précédent son hard-bop de Davis, cet album jazz à l’influence plus que déterminante se classe en tête des ventes.


Octobre 1959
Originaire du Bronx, Bobby Darin se classe en tête des charts de part et d’autre de l’Atlantique, avec une version rythmée du Mack The Knife de Kurt Weill, écrit pour un opéra berlinois. Interdite sur les ondes aux États-Unis, la reprise de Darin reste 9 semaines en tête des ventes et offre un Grammy à son interprète.
